Livrets d’épargne réglementés : quel avenir?

Avec une rémunération à 0,75 %, le livret A a perdu de son attrait. Les Français ferment leurs comptes, et retirent leurs capitaux souvent pour les placer sur un PEL, au rendement prometteur de 1,5 %.

Cependant cette nouvelle ne réjouit pas les banques, qui ne sont aujourd’hui plus en mesure de rétribuer les épargnants à ces taux, la faute à des marchés financiers atones. Mais si la rémunération du PEL est révisée à la baisse (encore), vers où se tourneront les épargnants ? Réponse : vers le compte courant et les placements en or.

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Quand le compte courant concurrence le livret A

Prenons une trésorerie de 10 000 € placée sur un livret A pendant 1 an. À l’issue, l’épargnant recevra 75 € d’intérêts, nets d’impôt. S’il ne place pas ce capital, il perdra donc cette somme. Cependant s’il le place, l’argent ne sera pas disponible, et c’est là où les comptes bancaires courants viennent concurrencer les livrets réglementés.

Car le ménage moyen dépense 187 € en frais bancaires par an, dont un peu plus d’un tiers à titre de frais de découvert. Or, on sait que 61 % des Français dépassent leur découvert autorisé au moins une fois par an.

En conclusion, aujourd’hui certains pourraient préférer laisser leur épargne sur leur compte courant, afin de combler un besoin urgent de trésorerie. Ils économiseraient ainsi les frais d’agios, et ne perdrait pas à grand-chose en intérêts, voire seraient gagnants au bout du compte.

Doit-on voir dans ce raisonnement un calcul empirique d’analyste ? Pas du tout, cet état d’esprit a été mis en avant par un sondage de l’IFOP, qui montre l’évolution de la vision des ménages face au livret A.

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Les Français préfèrent déposer leurs économies sur un compte bancaire

Une enquête de l’IFOP, conduite auprès de 1002 individus, montre que 59 % des ménages français pensent que conserver ses économies sur un compte bancaire est « une bonne chose ». Rien de surprenant jusqu’ici, sauf que cette idée arrive devant le placement sur un livret A qui ne récolte que 54 % des opinions. Mieux encore, seules 46 % des personnes interrogées considèrent qu’acheter de l’or est un placement intelligent par les temps qui courent.

En tête du palmarès, on trouve les fondamentaux comme l’immobilier (71 %) et l’investissement en assurance-vie (64 %).

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Moins de compte, moins de dépôt, plus de fermetures

On compte toujours des millions de livrets A en circulation. En revanche on n’observe plus de nouvelles ouvertures de comptes, surtout des fermetures. Cette année-là, l’épargnant français a supprimé 300 000 comptes. Certes le durcissement des contrôles pour éviter la multi-détention a joué un rôle, mais pourrait ne pas expliquer à lui tout seul cette grande opération de nettoyage.

Récemment, la caisse des dépôts et consignations faisaient état d’une décollecte cumulée de 4,59 milliards d’euros. Cela signifie que les épargnants ont retiré 4,59 milliards d’euros de plus qui n’en ont placé. Et comme si cela ne suffisait pas, 57 % des épargnants avouent utiliser de plus en plus les fonds disponibles sur leur livret A.

Le LDD (Livret de Développement Durable) fait tout juste mieux

La messe est dite, les livrets ne rapportent plus suffisamment d’intérêts, et il sera difficile d’y remédier.

Car aujourd’hui le gouvernement français maintient artificiellement le taux des livrets réglementés à 0,50 %, alors qu’ils devraient être à 0,25 %. Il s’agit effectivement d’une épargne de précaution, élaborée de manière à ce que les ménages puissent placer leurs économies en vue de dépenses planifiées ou imprévues, sans subir le coût de la vie. Plus celui-ci est faible, comment ce moment, moins la rémunération est intéressante.

Un retour des épargnants vers l’or  ?

Acheter de l’or reste une bonne chose pour placer ses économies, c’est ce que pensent 46 % des épargnants. À titre de comparaison, ils sont 54 % à penser la même chose pour les livrets réglementés. Mais lorsqu’on leur demande sur quel support ils placeraient leur argent, le précieux métal jaune arrive en 4e, loin, juste derrière le dépôt de liquidités sur un compte courant.

Il reste toutefois risqué pour 41 % des personnes interrogées, et même très risqué pour 7 % d’entre eux. Ils ne sont que 15 % à considérer qu’il n’y a aucun risque, et 44 % pensent que les risques sont limités.

Cela porte donc les lingots, Louis, Napoléons et autres en 4e position des placements sécurisés, derrière le compte courant, l’assurance-vie et l’immobilier. C’est que le précieux métal jaune reste une valeur refuge, particulièrement lors d’une crise économique, 68 % des épargnants français sont d’accord là-dessus.

D’ailleurs, 28 % d’entre eux annoncent leur intention d’utiliser les fonds détenus sur leur livret A, pour acheter de l’or.

Pendant ce temps, le PEL attire les épargnants au grand dam des banques

Beaucoup des épargnants ont dû quitter le livret A pour le plan épargnent logement, et son rendement de 1 %. Pour preuve, au cours des 9 premiers mois de l’année le PEL a attiré 10 milliards d’euros de capitaux, mais les banques sont loin de s’en réjouir.

Car aujourd’hui les taux de rémunération proposés par les marchés ne leur permettent plus de remplir leurs obligations. C’est ainsi que BNP Paribas a annoncé avoir perdu 45 millions d’euros sur ce segment. Le Crédit Agricole a dû provisionner 23 millions d’euros, afin de faire face au paiement des intérêts.

Mais c’est encore la société générale qui en souffre le plus, car c’est dans les coffres de la banque rouge et noire que le public est venu ouvrir le plus grand nombre de PEL. Résultat : 63 millions d’euros de pertes au 3e trimestre.

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